Il avance à pas mesurés, son regard scrutant chaque visage, chaque mouvement. Les enfants rient, jouant entre les jambes des adultes affairés, tandis que les vieilles dames échangent des potins. La scène, d’une beauté troublante, frotte une angoisse sourde dans le cœur de Qasim. Il se stoppe devant la fameuse porte sculptée, vestige d’une époque dorée, où les années d’histoires y sont gravées intemporellement. C’est un seuil qui a vu les générations se succéder, des légendes de héros et de batailles, des serments d’amitié et des trahisons pactisées dans l’ombre.
Les murmures des marchands mélangent des histoires de bravoure et des rumeurs de guerre à venir. La menace gronde à l’horizon, si lointaine mais si palpable. Qasim, frémissant d’une intuition trouble, attire son attention sur une vieille femme aux yeux perçants, qui se tient à la tête d’un petit étal plein de potions et de talismans. Sa silhouette, voûtée par le temps, n’enlève rien à l’intensité qui émane d’elle.
« Soudain, tout ce que nous avons bâti pourrait s’effondrer comme un château de sable face à la marée, » murmure-t-elle d’une voix rauque. Intrigué, Qasim se penche légèrement en avant, invitant la sagesse de la grand-mère à l’infiltrer. « Il y a une prophétie oubliée, » poursuit-elle, ses doigts agiles jouant avec une chaîne de bronze, un héritage probablement poussiéreux des temps jadis. « Elle évoque la clé de l’unité entre les clans d’Althyria. Unis, nous pourrons faire face aux ombres qui s’approchent, divisés, nous perdons notre essence. »
Les bruits du marché continuent leur danse, presque en désaccord avec la gravité de ces mots. Le regard de Qasim se fixe sur la silhouette des étrangers en armure qui émergent lentement de l’angle de la rue, simulant une sécurité, mais pourtant trahissant une menace sournoise dans leur démarche déterminée. Ses préoccupations redoublent. Les formes et les visages obstruent son horizon, et le sens de l’urgence qu’il ressent s’appesantit sur ses épaules.
Se rapprochant des étalages, sa main effleure une scimitar hérité de ses ancêtres, étincelant sous les rayons du soleil comme un éclat de fierté et de douleur mêlées. Ce n’est pas qu’un simple héritage ; c’est un symbole de tout ce pour quoi il doit se battre. Alors qu’il étreint la poignée, une vision fugace du passé le traverse : un ancêtre, bataillant contre l’oppression, levant son arme contre les cieux tout en jurant fidélité à son peuple.
« Que devrions-nous faire, à part garder le silence ? » demanda une voix derrière lui, celle d’un ami d’enfance, Malik, dont le visage se crispa en une expression de défi. Qasim se retourna, et au moment où leurs regards se croisèrent, un accord tacite s’établit entre eux : ils ne baisseraient pas les bras.
« Nous devons nous unir, Malik. Mais comment ? La division croît chaque jour, et ces étrangers… ils ne sont pas là pour échanger des marchandises, j’en suis sûr. » Le ton de Qasim était chargé d’une anxiété de plus en plus pesante.
Les étranges silhouettes en armure se rapprochaient, leurs visages cachés par des casques ornés de motifs sombres. Qui étaient-ils ? Des mercenaires ? Des espions ? La réponse semblait flotter au-dessus du marché vibrant, mais chaque instant de silence creusait davantage le mystère.
Les voix du marché perdaient leur éclat, absorbées dans la brume d’une inquiétude sourde. Qasim se sentit au cœur d’une tempête, et la prophétie évoquée par la vieille femme résonnait dans son esprit. Et alors qu’il regardait vers les ténèbres qui s’approchaient, une question brûlante émergea au fond de son âme : qui porterait la clé de l’unité, et quel sacrifice cela demanderait-il pour préserver Althyria ? Le vent soufflait avec une fraîcheur inquiétante, emportant avec lui le parfum d’une paix déjà troublée.
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