Dans une Londres enfumée, où les lanternes vacillent comme des étoiles éparses dans la nuit opaque, l’atmosphère est imprégnée d’un parfum de mystère et de secrets enfouis. Les pavés humides brillent sous les éclats des lumières, tandis qu’un léger brouillard s’installe, créant un ballet de silhouettes indistinctes. Au détour d’une ruelle, au coin d’un pub dont le nom a été effacé par les intempéries, un ancien détective reprend du service, un trentenaire à l’allure désinvolte, dont le regard aiguisé trahit une vie consacrée à dénouer les énigmes les plus labyrinthiques.
Arthur Hargrove, autrefois la fierté des forces de l’ordre, avait laissé ses anciens faits d’armes derrière lui. Mais ce soir, un Telegram bien étrange l’avait arraché à la quiétude de sa solitude. « Si tu cherches la vérité, va au coin de Baker et Oxford à minuit », disait ce message énigmatique, signé d’une plume tremblante et sans nom. Cela faisait des décennies qu’il n’avait reçu un appel à l’aide. Intrigué, Arthur ajusta son chapeau haut-de-forme et se mit en route, décidé à affronter les ombres de son passé.
Le souffle du vent portait un air glacial lorsqu’il atteignit le rendez-vous. L’horloge de l’église St. Mary se mit à sonner, chacune des douze cloches résonnant avec une force troublante. Alors qu’il scrutait l’angle des deux rues, il aperçut une silhouette se dessiner dans la brume. Une jeune femme, enveloppée dans un manteau noir, tenait une lanterne dont la lumière tremblotait, créant des ombres dansantes autour d’elle.
— Vous êtes Arthur Hargrove ? demanda-t-elle d’une voix douce mais empreinte d’urgence.
— Oui, c’est moi. Qui êtes-vous ? Qu’est-ce qui vous amène ici ?
Elle s’approcha, le souffle court, comme si l’air ambiant la pesait. Ses yeux, d’un vert perçant, semblaient transpercer la nuit.
— Je m’appelle Eliza. Mon père… il a disparu. Mon père était un détective lui aussi, et il travaillait sur une affaire depuis longtemps oubliée. Je crois qu’il a découvert quelque chose qu’il n’aurait pas dû. Je sens que sa disparition n’est pas un simple accident.
Arthur se sentit soudain piqué par une nostalgia. Une affaire, un mystère, tout cela était aussi irrésistible qu’un bon whisky après une longue journée. Les souvenirs de ses anciennes enquêtes resurgirent à la surface, l’invitant à replonger dans le tumulte du crime et des manipulations. Il se redressa, pleinement attentif.
— Parlez-moi de votre père. Quel était ce mystère qu’il poursuivait ?
Eliza hésita un instant, pesant chaque mot avec précaution.
— Je ne sais pas tout. Mais il avait parlé d’une organisation secrète qui tirait les fils depuis les ombres, une organisation qui a le pouvoir d’effacer ceux qui trop en savent. Il est devenu trop convaincu de ce qu’il avait découvert. Il m’a laissé un carnet… et quelques indices. Mais je crains que je ne puisse pas le faire seule. Je vous en prie, aidez-moi !
La lueur de la lanterne émettait des reflets dansants sur le visage déterminé d’Eliza, tandis qu’un frisson d’excitation parcourait le dos d’Arthur. Le vieux détective en lui ne pouvait résister à un tel appel.
— Très bien, déclara-t-il avec une résolution nouvelle. Nous allons retrouver votre père. Mais un véritable mystère implique des secrets bien plus sombres que ce que l’on peut imaginer. Votre père s’est-il déjà confié sur cette organisation ?
— Non. Mais dans son carnet, il mentionne une rencontre dans ce même coin, il y a de cela deux semaines. Un homme, un certain « Raven »… Je crois qu’il tient un rôle clé dans cette histoire.
Tout à coup, le vent se leva, balayant légèrement la rue, comme si le monde lui-même s’inquiétait de ce qui allait suivre. Un frisson parcourut l’échine d’Arthur en pensant aux terribles secrets qui se cachent dans les recoins de Londres.
— Il nous faudra agir prudemment, Eliza. Si ces gens sont vraiment capables d’effacer des vies sans laisser de trace, nous devons rassembler toutes les pièces du puzzle avant de plonger plus avant dans l’obscurité.
Elle acquiesça, déterminée. Mais dans son regard se lisait une ombre d’inquiétude.
Et tandis qu’ils avançaient ensemble dans la nuit, l’écho d’une cloche résonna de nouveau, comme un avertissement. Ce que le destin leur réservait demeurait encore dans l’ombre, attendant d’être révélé. Mais une chose était certaine : Londres, avec ses ruelles voilées de mystère, n’avait pas encore fini de leur dévoiler ses secrets.
Laisser un commentaire