Dans la ville de Nostalgia, un phénomène inexplicable ravageait les esprits de ses habitants : chaque jour, ils perdaient un fragment de leur mémoire. Les visages se faisaient flous, les rires s’évanouissaient, et les histoires qui avaient bercé leur enfance s’effaçaient lentement des murs tristes de leur esprit. Au cœur de ce chaos, se tenait Lyra, une jeune femme d’une vingtaine d’années, déterminée à préserver les souvenirs des êtres qui lui étaient chers.
Chaque matin, elle se rendait au marché aux souvenirs, un lieu magique où les gens échangeaient des histoires écrites sur des parchemins. Lyra, elle, ne pouvait pas se résoudre à vendre ses propres souvenirs, alors elle passait son temps à écouter les récits des autres, les gravant dans son cœur. Elle s’était promise de ne jamais oublier son père, sa mère, et son petit frère, tous victimes de cette malédiction.
« Les histoires sont notre héritage, » disait-elle souvent. Mais chaque jour, elle voyait son entourage se vider de leur essence, se muer en silhouettes sans passé. Sa mère, autrefois pleine de vie, ne se souvenait plus du goût du chocolat chaud qu’elle lui préparait le matin. Son père, qui avait été un conteur fabuleux, peinait maintenant à se rappeler le nom de la ville où il avait grandi.
Lyra commença alors à écrire et à dessiner sur les murs de sa maison, chaque phrase étant une tentative désespérée de recréer le lien entre les jours passés et présents. Elle inventa des histoires, des poèmes, des chansons, gravant des mots d’espoir sur les murs de l’oubli. Au début, ses voisins la prenaient pour une folle. Mais peu à peu, des personnes commencèrent à l’écouter, à s’asseoir autour de sa maison, fascinées par ses récits.
Avec le temps, Lyra devint la gardienne des souvenirs de Nostalgia. Les gens venaient de loin pour l’écouter, pour partager leurs petites histoires, et elle en restauraient la mémoire. Elle remplaça la mélancolie par des sourires et des rires, les murs s’illuminant peu à peu des couleurs des souvenirs qu’elle ravivait. Les habitants commencèrent à redécouvrir leur histoire, et grâce à l’amour de Lyra, la ville se transforma en un lieu de renaissance, où l’oubli cessa finalement d’être une ombre menaçante.
Un jour, alors qu’elle se tenait devant son mur le plus cher, elle réalisa qu’elle avait fait plus que préserver des souvenirs. Elle avait construit une communauté, un lien entre les âmes égarées. Et, bien que les murs de l’oubli continuent d’exister, elle avait prouvé qu’avec un peu de foi et beaucoup d’amour, même les souvenirs les plus fugaces pouvaient trouver un écho dans le cœur des autres.
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